Face aux attaques contre la recherche, il faut amplifier la diffusion scientifique
Les ennemis de la science et de la liberté académique non seulement se multiplient, mais s’affichent fièrement, y compris en démocratie. Aux États-Unis, l’administration Trump a, dès son arrivée au pouvoir, fait de la recherche et de la connaissance des cibles prioritaires : dé-financement de centaines de programmes en sciences de l’environnement, en santé, en histoire ou en science politique, effacement de données des sites gouvernementaux, mise au pas des agences indépendantes, suppression des bourses de recherche et d’échanges, interdiction à des chercheuses et chercheurs de mener des collaborations et des missions internationales, voire création de publications complotistes pour « concurrencer » et donc disqualifier la littérature scientifique. Quant au ministère américain de l’Éducation, dont la mission est de veiller à une meilleure répartition des ressources éducatives sur le territoire fédéral, il est promis à être vidé de sa substance.
Rien n’est ni surprenant, ni inattendu : le savoir nourrit l’esprit critique, aux dépens de l’obscurantisme et de l’ignorance, terreaux des régimes autoritaires, tout droit sortis d’un roman de Philip K. Dick. Car on est au-delà du refus de partager l’expertise : lorsque le réel est nié au profit de la propagande, il s’agit de réduire l’expertise au silence, quelles qu’en soient les conséquences. En annulant les travaux sur les épidémies, la pollution, la prévention des ouragans ou encore le militaire, pour ne citer que quelques exemples, les États-Unis se mettent en danger et abandonnent une grande partie de leur population.
Face à ce qui n’est plus une menace mais une réalité, déjà contagieuse, il est indispensable d’agir. Le mouvement « Stand up for science », organisé le 7 mars dernier, en soutien aux universités et aux scientifiques américains, est une première étape. D’autres suivront pour accueillir les collègues privés de ressources ou d’emploi et stigmatisés.
La résistance à une désinformation toujours plus massive et planétaire passe par la réponse au besoin, non démenti et même croissant, de savoirs scientifiques. Partout, dans notre pays, la demande de compréhension de la société et du monde se confirme : les conférences destinées au grand public font le plein, les émissions scientifiques didactiques (télévision, radio, podcasts, réseaux sociaux, etc.) sont extrêmement populaires, y compris chez les plus jeunes. C’est pourquoi la diffusion et le partage de ces connaissances, au service des citoyens, des médias ou encore des décideurs publics et privés, sont désormais des priorités. C’est notre responsabilité en démocratie. C’est même devenu un combat.
L’expertise doit donc être accessible à toutes et tous, elle se partage. C’est l’ambition de notre think tank Portiqo. Celle-ci s’en voit d’autant plus renforcée aujourd’hui : le progrès, l’innovation, l’émancipation ne peuvent se passer de la production et de la transmission des savoirs issus des résultats de la recherche pluridisciplinaire. En les valorisant, nous souhaitons nous mettre au service de la société et du bien commun. En nous emparant des sujets émergents, nous pouvons aider à relever les grands défis sanitaires, technologiques et environnementaux et contribuer à l’élaboration de solutions innovantes. Pour le dire autrement, mobiliser la science et diffuser ses avancées permettent d’éclairer le présent et d’anticiper les enjeux de demain et de prendre, ainsi, toute notre part à la société de la connaissance
Espace de réflexions et de débats accueillant une diversité de disciplines, de voix et d’opinions, soutenu et accompagné par des personnalités éminentes du champ académique, Portiqo vise à transformer les idées en actions et à renforcer l’étayage scientifique des politiques publiques et privées menées – dont il faut, aussi, mesurer l’impact. Réciproquement, Portiqo se veut force de proposition pour l’avenir des universités, première force de recherche publique de notre pays, qui sont porteuses de ces aspirations. Les jeunes générations méritent de se voir fournir les conditions pour une vie meilleure à travers un accès aux études supérieures, en particulier universitaires. Par des formats très variés de publications et de rencontres, notre think tank s’adresse à toutes celles et tous ceux qui sont curieux d’apprendre, d’échanger, de questionner, aussi, les grands problèmes de notre temps.